Comment dépister la dépression ?
La dépression est très différente de la déprime de fin d’hiver ou du coup de blues, ces variations de l’humeur que nous expérimentons tous à certaines périodes de notre vie. La dépression est une véritable maladie dont les symptômes sont caractéristiques et permanents. Sans traitement, la dépression peut s’aggraver jusqu’au suicide.
La dépression, c’est quoi exactement ?
Contrairement à la déprime passagère, la dépression est un état de profonde détresse qui dure. Elle se caractérise par l’association durable de plusieurs symptômes comme une tristesse permanente, une perte de motivation, une souffrance parfois insupportable et un ralentissement des gestes de la vie courante. La personne malade a un sentiment d’inutilité et d’impuissance, avec des idées morbides, voire suicidaires. La dépression est la première cause de tentative de suicide. Près de 70 % des personnes qui décèdent par suicide souffraient d’une dépression, souvent non prise en charge.
Qu’appelle-t-on « dépression masquée » ?
Parfois, la dépression prend des formes dites « masquées ». Elle se traduit par des manifestations physiques difficiles à associer, dans l’esprit de la personne qui en souffre, avec l’image qu’elle se fait de la dépression : perte du désir sexuel, troubles du sommeil, fatigue, agitation, maux de dos ou maux de ventre, troubles digestifs, vertiges, maux de tête, etc.
Qui peut être touché par la dépression ?
La dépression est une maladie qui peut toucher tout le monde à tout âge, mais elle plus fréquente chez les adultes jeunes (7 dépressifs sur 10 ont moins de 45 ans). La dépression toucherait 15 % des Français, dont 40 000 jeunes de moins de 18 ans.
De plus, la dépression touche en moyenne un homme sur 10 et une femme sur 5. La raison en est peut être que les dépressions féminines sont mieux dépistées, car les femmes demanderaient de l’aide plus facilement que les hommes. De plus, les hormones sexuelles pourraient jouer un rôle, ce qui expliquerait la plus grande fréquence de la dépression féminine durant certaines périodes de fluctuations hormonales (accouchement, ménopause).
De plus, un retraité sur dix serait concerné, mais la dépression est sous-diagnostiquée chez les seniors car elles ont tendance à refuser de se plaindre et à souffrir en silence.
Quels sont les facteurs de risque de la dépression ?
Les facteurs de risque de dépression liés à la personnalité
Les personnes qui souffrent d’anxiété chronique (et de maladies psychiques chroniques en général) sont plus exposées au risque de développer une dépression.
Les facteurs de risque de dépression biologiques
Chez les malades dépressifs, on constate un déséquilibre de la chimie du cerveau, en particulier une baisse de l’efficacité de certains neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline, dopamine), sans que l’on sache s’il agit de la cause ou de l’effet de la dépression.
Les facteurs de risque de dépression génétiques
Les personnes ayant des parents proches qui ont souffert de dépression sont plus susceptibles d’en être elles-mêmes victimes. On pense aujourd’hui que plusieurs gènes peuvent favoriser une prédisposition.
Les facteurs de risque de dépression liés au mode de vie
À tout âge de la vie, un deuil, le chômage, la perte de quelque chose de cher, un isolement familial, social et ou professionnel, augmente le risque de souffrir de dépression.
Les facteurs de risque de dépression liés à d’autres maladies ou à la grossesse
En vieillissant, c’est l’existence d’accident vasculaire cérébral ou de maladie hormonale, ainsi que le fait de souffrir d’une affection chronique cardiaque, rénale ou rhumatismale, qui augmenteraient le risque d’en souffrir.
De plus, les affections chroniques qui évoluent par poussées imprévisibles (sclérose en plaques, épilepsie, par exemple), l’alcoolodépendance et certains traitements (interféron en cas d’hépatite chronique) peuvent favoriser la survenue d’une dépression.
Comment repérer la dépression chez un proche ?
Maladie aux multiples facettes, la dépression est parfois difficile à déceler. La personne qui en souffre refuse de voir ses symptômes, ou en sous-estime l’importance. Elle ne veut pas se plaindre, se dit que « ça va passer ». C’est la raison pour laquelle l’entourage peut jouer un rôle primordial dans le diagnostic de la maladie.
Certains changements peuvent alerter :
- la personne n’a plus envie de pratiquer des activités qui lui plaisaient auparavant,
- elle ne fait plus de projets, elle est d’humeur instable,
- elle est preuve d’une agressivité inhabituelle,
- elle présente des difficultés de concentration,
- elle dort moins ou au contraire beaucoup plus,
- elle mange très peu ou grignote sans arrêt,
- elle est constamment fatiguée, elle se plaint « de ne pas y arriver », elle semble n’avoir aucun espoir d’aller mieux.
Si ces signes sont présents, il faut absolument inciter la personne à consulter son médecin généraliste qui pourra l’orienter vers un spécialiste.
La dépression est une maladie qui se soigne
La dépression est une maladie comme une autre qui, dans la vaste majorité des cas, répond bien aux traitements.
- Attention, les médicaments contre la dépression ne suffisent pas à lutter contre la dépression de manière durable. Une prise en charge psychothérapeutique est indispensable. Parfois, elle suffit à soulager les symptômes dépressifs.
- Au début du traitement, le médecin prescrit également des médicaments anxiolytiques qui seront arrêtés après deux ou trois semaines.
- Tous les antidépresseurs mettent au moins 3 semaines à agir et il faut souvent les prendre pendant un an, parfois davantage, pour éviter les rechutes.